En RDC, même si à Kinshasa, Lubumbashi ou Goma, il y a encore eu des violences ou des vagues d’interpellations, le mouvement de contestation s’essouffle. A l’origine de ce mouvement de protestation, le maintien de pouvoir de Joseph Kabila après la fin de son deuxième et dernier mandat. Des négociations sont en cours entre le pouvoir et l’opposition sous l’égide de l’Eglise catholique. Elle ne cache pas sa crainte de voir la situation de devenir incontrôlable et pourtant, comme les autorités s’en félicitent, l’explosion de violences annoncées n’a pas eu lieu.
Pas d’apocalypse ni d’hécatombe, c’est ce que soulignent les autorités. Plus encore, le caractère localisé de cette vague de protestation. L’un des conseillers du président assurait que cela prouvait sans équivoque le soutien de la population au président Joseph Kabila. Mais la plupart des grandes villes du pays sont toujours quadrillées.
L’armée prête main-forte à la police pour empêcher tout rassemblement, comme à Goma où une vingtaine de militants d’un mouvement citoyen ont été arrêtés alors qu’ils venaient à peine d’entamer un sit-in de protestation. Toute manifestation politique est interdite, ceux qui tentent ces actions sont déclarés hors-la-loi.
Au moins 22 morts
Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme s’est régulièrement inquiété ces deux dernières années de la restriction de l’espace politique. Pour la majorité, cela prouve surtout le rejet par la population de l’opposition qui ne saurait pas représenter une réelle alternative. Le nouveau Premier ministre issu des rangs de l’opposition a parlé de l’espoir créé par l’annonce de la nomination d’un gouvernement d’union nationale.
Pour les forces de sécurité, c’est la preuve de leur professionnalisme. C’est ce que le porte-parole de la police a encore dit hier au cours d’une conférence de presse. Le bilan officiel fait état de 22 morts et de 275 personnes arrêtées. Un bilan encore provisoire. Dans les quartiers contestataires de Kinshasa, les habitants parlaient – eux – de la peur de mourir, de la nécessité de manger et de l’espoir créé par les négociations qui se poursuivent sous l’égide de l’Eglise catholique.
■ Le silence marquant de l’Afrique du Sud
Dans un communiqué, le gouvernement sud-africain condamne les violences, soutient les tentatives de médiations et appelle l’opposition au dialogue. Une réaction à minima. Pretoria est pourtant impliqué depuis près de 20 ans dans les efforts de paix en RDC.
Près de 1 400 soldats sud-africains participent actuellement à la brigade d’intervention de l’ONU déployés dans l’est du pays et pourtant Pretoria est restée étonnamment silencieuse depuis le début de cette crise. Pas un mot sur le maintien ou non du président Kabila à la tête du pays, pas un mot sur le calendrier électoral ou sur la transition.
Pour Jason Stearn du groupe de recherche sur le Congo de l’université de New York, l’Afrique du Sud – pourtant architecte des accords de paix de 2002 – est complètement absente des discussions. S’agit-il du principe de non-intervention ? Il y a quelques mois, la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, interpellée sur la tendance à un troisième mandat sur le continent, s’était bornée à dire que son pays n’était pas opposé à une modification de la Constitution tant que cela était fait de façon démocratique.
Rfi