Des militaires mutins ont tiré mardi de nombreux coups de feu en l’air dans cinq villes de Côte d’Ivoire. L’un d’entre eux aurait été tué par la Garde républicaine à Yamoussoukro, la capitale ivoirienne, un second a succombé à ses blessures.
Des soldats et des gendarmes ont tiré, mardi 17 janvier, de nombreux coups de feu en l’air dans plusieurs villes de Côte d’Ivoire, quatre jours après un accord financier conclu entre le gouvernement et d’anciens rebelles, ont constaté un journaliste de l’AFP sur place et des témoins. Un mutin aurait été tué par la Garde républicaine, devant le camp de ce corps d’élite, à Yamoussoukro, la capitale politique, selon une source militaire.
Un deuxième soldat mutin est décédé dans l’après-midi à l’infirmerie d’un camp militaire des suites d’une blessure par arme à feu, selon des sources militaires concordantes. Tous deux faisaient partie des hommes qui ont commencé à protester dans la matinée. Ce sont les premiers morts depuis le début des mutineries initiées à Bouaké (centre) le 5 janvier.
Au total, cinq villes sont touchées par ces manifestations de colère des militaires, selon les médias ivoiriens : Yamoussoukro, Bouaké, deuxième ville du pays et épicentre de la mutinerie de la semaine dernière, Dimbokro (à 50 km de Yamoussoukro), Man (à l’ouest) et Daloa (au centre-ouest).
Selon les premiers éléments, les tireurs sont des soldats ou des gendarmes non concernés par l’accord du 13 janvier entre le gouvernement et les soldats qui se sont mutinés au début du mois. Selon cet accord, 8 500 anciens rebelles intégrés dans l’armée doivent toucher 12 millions de CFA (18 300 euros) chacun d’ici à la fin de l’année.
« Ce matin, en sortant avec nos armes, nous avons voulu montrer notre mécontentement aux yeux du monde. Nous ne comprenons pas pourquoi on paye une prime (…) à des soldats, et on oublie tout un groupe, qui représente les plus nombreux d’ailleurs », a affirmé à l’AFP un gendarme sous couvert de l’anonymat.
Racket des habitants
À Yamoussoukro, la capitale politique du pays, des soldats circulaient en tirant dans le centre-ville et rackettaient les habitants, notamment sur la route nationale Abidjan-Bouaké, principal axe du pays qui traverse la ville, selon des témoins.
« Ils circulent en ville à bord de camions militaires. Ils arrachent [volent] des véhicules », a affirmé un garagiste de Yamoussoukro. « Nous nous cachons, il y a beaucoup de tirs », a ajouté un fonctionnaire sous couvert d’anonymat.
Les mutins sont sortis de la caserne de Zambakro, située à une dizaine de kilomètres de la capitale, où sont habituellement basés des soldats qui ne sont pas d’anciens rebelles. Ils ne sont donc pas, a priori, concernés par l’accord financier, et réclament une prime semblable à celle promise à leurs collègues.
À Bouaké, épicentre de la mutinerie du début du mois, les gendarmes, également non concernés par l’accord, ont aussi commencé à tirer pour réclamer de l’argent, alors que les populations de la ville se réfugiaient dans leurs maisons. Leur camp a été ensuite encerclé par des soldats (anciens mutins) dont certains avaient commencé à retirer leurs paiements dans les banques mardi matin, a constaté un journaliste de l’AFP.
Premier versement aux anciens mutins
Une partie des soldats ivoiriens qui se sont mutinés début janvier à Bouaké ont reçu un premier versement de 5 millions de francs CFA (7 600 euros) lundi après-midi, a appris l’AFP de sources concordantes. « Ils ont reçu des virements dans certaines banques » a affirmé, au téléphone à l’AFP, un officier supérieur de l’armée ivoirienne.
L’armée ivoirienne, forte de 22 000 hommes, compte beaucoup de gradés, pour la plupart d’anciens rebelles.
Avec AFP