Le président américain a effectué, ce lundi, une visite surprise à Kiev, quatre jours avant le premier anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Joe Biden était aux côtés du président ukrainien Volodymyr Zelensky, sortant d’une église où ils étaient restés quelques minutes, lorsque les sirènes ont retenti, sans provoquer de panique.
Le président américain était attendu en Pologne en ce début de semaine et doit rencontrer mardi son homologue Andrzej Duda et des alliés d’Europe de l’Est à l’occasion de ce déplacement.
Joe Biden a annoncé depuis Kiev des livraisons d’armements supplémentaires à l’Ukraine. « Je vais annoncer la livraison d’autres équipements essentiels, notamment des munitions d’artillerie, des systèmes anti-blindage et des radars de surveillance aérienne », a-t-il indiqué, selon un communiqué de la Maison Blanche.
Kiev tient, l’Ukraine tient, la démocratie tient et les États-Unis et le monde se tiennent aux côtés de l’Ukraine, a expliqué le président américain, et cela aussi longtemps qu’il le faudra, a-t-il insisté.
« Les tentatives russes de gagner n’auront aucune chance »
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué cette visite surprise. « Joseph Biden, bienvenue à Kiev ! Votre visite est un signe de soutien extrêmement important pour tous les Ukrainiens », a indiqué M. Zelensky sur Twitter.
Volodymyr Zelensky a par ailleurs assuré que la Russie n’avait « aucune chance de gagner » la guerre qu’elle a lancée. Les nouvelles livraisons d’armes promises par M. Biden à cette occasion constituent un « signal sans équivoque que les tentatives russes de gagner n’auront aucune chance », a déclaré le président ukrainien.
Un effet de surprise qui renforce encore la portée du geste
Depuis quelques heures ce matin, un peu d’agitation était perceptible avec le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kuleba, qui annule à la dernière minute son déplacement à Bruxelles où il devait rencontrer ses homologues européens, et ces images sur les réseaux sociaux de rues bloquées, de convois militaires dans la capitale ukrainienne
Le président américain est arrivé en train depuis la frontière polonaise, il avait quitté Washington dans le plus grand secret. Hier, alors qu’il avait déjà traversé l’Atlantique, la Maison blanche a publié un programme indiquant qu’il quitterait les États-Unis ce lundi soir.
Un voyage secret pour des raisons de sécurité bien sûr, mais l’effet de surprise renforce encore la portée du geste, à quelques jours des un an de l’invasion russe. On attendait une prise de parole de Joe Biden demain mardi à Varsovie aux côtés Andrzej Duda depuis le château de Varsovie, alors qu’en Russie Vladimir Poutine prononcera son discours sur l’état de la nation.
Ce voyage est aussi une façon de rassurer Kiev et les alliés européens, alors que les élus républicains à la Chambre des représentants montrent des signes de frilosité, et réclament la fin d’un « chèque en blanc » sur le soutien militaire à l’Ukraine.
Cette semaine va marquer le premier anniversaire de la guerre en Ukraine, un conflit meurtrier, dévastateur, et aux conséquences encore difficiles à mesurer. Tout a commencé le 24 février à l’aube lorsque Vladimir Poutine déclenche ce qu’il va appeler « l’opération militaire spéciale ».
Des frappes aériennes sur toute l’Ukraine, et des forces terrestres qui pénètrent au Nord, à l’Est eu au Sud : rares étaient ceux en Ukraine et dans le camp occidental qui avaient prévu une offensive aussi massive. Vladimir Poutine justifie l’invasion par la nécessité de défendre les populations russophones d’Ukraine et se fixe deux objectifs : démilitariser et « dénazifier » le pays.
Dans le Sud, les forces russes s’emparent du port de Berdiansk et de la ville de Kherson, mais dans le Nord, elles échouent à contrôler la capitale ukrainienne, qui leur oppose une résistance acharnée. Galvanisées par le président Zelensky et par le soutien des pays occidentaux, l’armée ukrainienne parvient à bloquer l’armée russe, puis à reprendre du terrain. Une première contre-offensive permet de libérer de vastes territoires dans la région de Kharkiv, puis de reconquérir la ville de Kherson dans le Sud.
À partir d’octobre, la Russie bombarde systématiquement les infrastructures civiles de l’Ukraine, et concentre ses efforts militaires sur le Donbass. Malgré l’appui de dizaines de milliers de réservistes, et des mercenaires du groupe Wagner, la ville de Bakhmout continue de résister à l’offensive russe. Pour combien de temps ?
À l’approche de ce premier anniversaire, les Ukrainiens s’attendent à un nouvel effort, massif, de l’armée russe. Et l’espoir d’une solution négociée semble plus lointain que jamais depuis que l’invasion russe a débuté.
rfi