Au Sénégal, l’opposant Ousmane Sonko se dit « séquestré » – Base Cote Media

Au Sénégal, l’opposant Ousmane Sonko se dit « séquestré »

Ousmane Sonko a déclaré sur les réseaux sociaux, dans la nuit de lundi à mardi, qu’il était « séquestré » et a appelé à des manifestations. À Dakar, de jeunes manifestants inquiets de son sort avaient affronté les forces de l’ordre car l’opposant sénégalais avait été interpellé deux jours auparavant et n’avait plus donné de nouvelles.

L’opposant sénégalais Ousmane Sonko est sorti de son silence sur les réseaux sociaux. Dans une déclaration faite dans la nuit du lundi 29 mai au mardi 30 mai, il s’est dit « séquestré » par les forces de sécurité et a appelé ses compatriotes à se lever « comme un seul homme ».

« J’appelle tous les Sénégalais à sortir massivement », a dit le principal rival de Macky Sall, engagé depuis deux ans dans un bras de fer avec le pouvoir. « Que tout le monde se lève comme un seul homme parce que force doit rester au peuple », a-t-il renchéri, parlant de la nécessité d’un « sursaut national » et d’un « mouvement de résistance national » au nom de la défense de la démocratie et des libertés.

Son appel survient dans un climat de tension grandissante. De jeunes sénégalais ont affronté, lundi, les forces de l’ordre dans des quartiers de la capitale du Sénégal, à proximité du domicile d’Ousmane Sonko. L’opposant, engagé depuis deux ans dans un bras de fer avec le pouvoir, était resté silencieux depuis qu’il avait été ramené de force dans la capitale par les gendarmes la veille, suscitant l’inquiétude et la colère de ses partisans.

Ces groupes de jeunes ont attaqué à coups de pierre les forces de sécurité déployées en nombre dans les environs de Keur Gorgui, où vit Ousmane Sonko, avait constaté des journalistes de l’AFP. Ils ont aussi brûlé des pneus sur un des principaux axes de la capitale et dressé des barrages de fortune dans des rues adjacentes.

Les forces de sécurité ont riposté en tirant en abondance des gaz lacrymogènes. Elles bloquaient les rues donnant accès au domicile d’Ousmane Sonko. Ce dernier est en état de « séquestration », a dit à l’AFP le porte-parole de son parti, Ousseynou Ly.

Des véhicules ont également été incendiés près de la maison de l’ancien ministre des Sports et actuel chef de cabinet du président Macky Sall, Matar Bâ, ont rapporté les médias locaux.

Ousmane Sonko ramené de force chez lui

Habituellement très présent sur les réseaux sociaux, Ousmane Sonko ne s’était plus exprimé depuis que les gendarmes avaient abruptement mis fin dimanche, dans le sud du pays, à sa marche de retour vers Dakar et l’ont ramené de force chez lui.

Son silence avait donné lieu à un flot de spéculations sur l’éventualité d’un placement en résidence surveillée. Aucun responsable du pouvoir ne s’est exprimé sur son statut.

« Les restrictions aux libertés d’aller et de venir imposées à Ousmane Sonko sans qu’aucun acte ne lui soit notifié sont illégales et doivent cesser », a écrit Amnesty International sur les réseaux sociaux.

Risque de tension avec un verdict attendu jeudi

Ousmane Sonko, candidat déclaré à la présidentielle de 2024 et menacé d’inéligibilité, est depuis 2021 le personnage principal d’un feuilleton politico-judiciaire qui met régulièrement Dakar sous tension.

Ces tensions menacent d’augmenter encore à l’approche du verdict que doit rendre, jeudi, une chambre criminelle dans un procès contre lui pour viols.

Ousmane Sonko, troisième de la présidentielle en 2019, risque de perdre son éligibilité. Il a refusé de comparaître, criant au complot du pouvoir pour l’écarter de la présidentielle.

La mobilisation de ses partisans a régulièrement donné lieu à des incidents et des troubles depuis le début de l’affaire en 2021. Cette année-là, son interpellation à Dakar, alors qu’il se rendait en cortège à la convocation d’un juge, avait contribué à déclencher plusieurs jours d’émeutes qui avaient fait au moins une dizaine de morts.

Avec AFP