Une délégation mandatée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) est attendue ce 2 août 2023 à Niamey dans le cadre de la crise nigérienne consécutive à un coup d’État. Le sultan de Sokoto, l’un des chefs religieux les plus influents du nord du Nigeria, frontalier du Niger, en fait partie.
Au Sénégal, de nouvelles manifestations ont eu lieu après l’annonce lundi 31 juillet de la dissolution par le ministère de l’Intérieur du parti d’opposition d’Ousmane Sonko Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef). Elles ont fait deux morts à Ziguinchor. Le Pastef est accusé d’appeler à des « mouvements insurrectionnels » ayant entraîné « de nombreuses pertes en vies humaines ». Cette dissolution intervient quelques heures après le placement en détention de l’opposant, poursuivi pour huit chefs d’inculpation dont appel à l’insurrection, association de malfaiteurs, atteinte à la sûreté de l’État. Mamadou Lamine Sarr, enseignant en sciences politiques à l’Université virtuelle du Sénégal, décrypte cette situation au micro de François Ballarin.
L’opposant Ousmane Sonko écroué au Sénégal: «La suite logique d’une relation qui s’est tendue» avec le gouvernement
Ousmane Sonko, opposant au président sénégalais Macky Sall, a été inculpé et écroué lundi pour divers crimes dont l’appel à l’insurrection, et son parti le Pastef a été dissous. Mamadou Lamine Sarr, enseignant en sciences politiques à l’Université virtuelle du Sénégal, décrypte cette situation.
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Au Sénégal, de nouvelles manifestations ont eu lieu après l’annonce lundi 31 juillet de la dissolution par le ministère de l’Intérieur du parti d’opposition d’Ousmane Sonko Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef). Elles ont fait deux morts à Ziguinchor. Le Pastef est accusé d’appeler à des « mouvements insurrectionnels » ayant entraîné « de nombreuses pertes en vies humaines ». Cette dissolution intervient quelques heures après le placement en détention de l’opposant, poursuivi pour huit chefs d’inculpation dont appel à l’insurrection, association de malfaiteurs, atteinte à la sûreté de l’État. Mamadou Lamine Sarr, enseignant en sciences politiques à l’Université virtuelle du Sénégal, décrypte cette situation au micro de François Ballarin.
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RFI : L’opposant sénégalais Ousmane Sonko et son parti, le Pastef, sont-ils plus que jamais dans le collimateur de la justice sénégalaise ?
Mamadou Lamine Sarr : Oui, et cela depuis pratiquement deux-trois ans maintenant. Depuis les événements de mars 2021. Et la décision d’hier [lundi] de le mettre sous mandat de dépôt est la « suite logique », malheureusement, d’une relation qui s’est tendue ces dernières années entre le principal opposant au pouvoir du président Macky Sall et le gouvernement de Macky Sall en poste depuis 2012. Et ce n’est pas encore fini, parce que l’instruction va commencer. On sait qu’il est en prison, on ne sait pas pour combien de temps encore, quand il va sortir, etc. Et en plus de cela, son parti a été dissous. Donc, tout cela n’augure pas grand-chose de bien, en tout cas dans l’ensemble, pour la démocratie sénégalaise.
Macky Sall a annoncé qu’il ne se représenterait pas pour un troisième mandat de président du pays. Cette annonce a-t-elle un effet sur l’influence d’Ousmane Sonko sur la rue sénégalaise ?
Difficile de répondre à cette question de manière directe. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il y a une partie de la population qui a salué cette décision-là. Une autre partie, assez importante également, a jugé aussi que cette décision répondait plutôt à un respect de la Constitution et donc, qu’il n’y avait pas lieu de « lâcher l’affaire » ou de féliciter le président. Et donc, dans le camp notamment de la coalition Yewwi Askan Wi, dont fait partie le parti d’Ousmane Sonko, Pastef, on était encore sur l’objectif de permettre à Ousmane Sonko et à d’autres candidats de pouvoir candidater. Donc, la non-participation pour l’instant de Macky Sall n’a pas tout à fait réglé les nombreux problèmes des élections de 2024.
Est-ce qu’Ousmane Sonko peut encore conserver l’espoir de se présenter en 2024 ? Et, plus simplement, l’opposant a-t-il encore un avenir politique ?
Un avenir politique à court terme, avec les événements d’hier [lundi], ça me semble difficile. On verra comment son parti va s’organiser, comment les différents acteurs politiques, comment peut-être les interventions de la société civile et d’autres – notamment, je pense aux acteurs religieux – vont faire qu’on aura un dialogue qui… (Il hésite) Mais ça me semble extrêmement difficile.
Pour son avenir à court terme, je ne le vois pas en matière politique se présenter par exemple en 2024. C’est malheureux certainement pour les membres de son parti ou de sa coalition. Mais ce n’est pas la première fois en Afrique ou ailleurs qu’un opposant politique, ou tout simplement qu’un leader politique fait de la prison et qu’il ne peut pas devenir président quelques années plus tard. Il a peut-être – et je ne pourrais pas affirmer cela – « l’avantage » d’être encore jeune et c’est donc l’une des possibilités qui lui reste pour pouvoir candidater pour d’autres élections. Pour finir, je rappelle que cela a été le cas pour Abdoulaye Wade avant de devenir président plusieurs années plus tard.
rfi