Le général Brice Oligui Nguema a annoncé, mercredi soir, dans un communiqué, que le président déchu du Gabon Ali Bongo était désormais « libre de ses mouvements », y compris pour « se rendre, s’il le souhaite, à l’étranger ».
Le président déchu du Gabon, Ali Bongo Ondimba, peut quitter le pays. Le général Brice Oligui Nguema qui l’a renversé il y a une semaine a annoncé, mercredi 6 septembre, que l’ancien chef d’État est « libre de ses mouvements » et « peut se rendre » à l’étranger pour raisons médicales.
Ali Bongo, 64 ans, au pouvoir depuis 14 ans, était en résidence surveillée depuis le coup d’État militaire du 30 août, mené sans effusion de sang moins d’une heure après que son camp eut proclamé sa réélection dans un scrutin qualifié de frauduleux par les putschistes.
Le pouvoir du général Oligui, proclamé président de transition, accuse aussi l’entourage familial, notamment son épouse et l’un de ses fils tous deux en détention, ainsi que des membres de son cabinet, d’avoir détourné « massivement des deniers publics » et dirigé le pays de « manière irresponsable et imprévisible » en manipulant un Ali Bongo affaibli par un grave AVC en 2018.
Contrôles médicaux
« Compte tenu de son état de santé, l’ancien président de la République Ali Bongo Ondimba est libre de ses mouvements. Il peut, s’il le souhaite, se rendre à l’étranger afin d’y effectuer ses contrôles médicaux », ont annoncé, à la télévision publique, les militaires dans un communiqué du général Oligui, qui avait mené le putsch.
Ali Bongo a été montré quelques minutes plus tard par la télévision publique recevant à son domicile Abdou Abarry, représentant spécial en Afrique centrale du secrétaire général de l’ONU. On le voit souriant et se déplaçant toujours difficilement depuis son AVC, mais sans sa canne habituelle.
Le 30 août, en plein couvre-feu décrété le jour du scrutin, au milieu de la nuit et après que son gouvernement eut coupé internet dans tout le pays, Ali Bongo a été proclamé réélu à la présidentiel du 26 août avec près de 65 % des voix. Moins d’une heure plus tard, des militaires annonçaient à la télévision d’État avoir « mis fin » à son régime. Un coup d’État mené sans effusion de sang, les putschistes accusant le camp Bongo d’avoir grossièrement truqué le scrutin et falsifié ses résultats.
Le coup de force a été mené par le général Oligui, qui a rassemblé derrière lui tous les corps de l’armée et de la police, et suscité le ralliement de la quasi-totalité des partis de l’ancienne opposition et d’une partie de l’ex-majorité, ainsi qu’un élan massif d’une population le remerciant de l’avoir « libérée » de 55 ans de « dynastie Bongo » au pouvoir.
Ce parachutiste de 48 ans, pourtant chef de la puissante et redoutée Garde présidentielle (GR), la garde prétorienne chargé de protéger le cœur du pouvoir, a prêté serment lundi en tant que président d’une transition dont il n’a pas fixé la durée.
Détournements « massifs »
Et il a promis de « remettre le pouvoir aux civils » à l’issue de cette transition, après avoir fait adopter « par référendum » une nouvelle constitution qui devra être élaborée avec la participation de « l’ensemble des forces vives de la Nation » et qui débouchera sur des « élections libres et transparentes ».
Dès le lendemain du coup d’État, les militaires ont arrêté l’un des fils du président déchu, Noureddin Bongo Valentin, et six autres jeunes membres de la garde rapprochée du chef de l’État et de son épouse Sylvia Bongo, les montrant à la télévision, lors de perquisitions à leurs domiciles, au pied de malles, valises et sacs débordant de billets de banque pour l’équivalent de centaines de millions d’euros.
Et, comme le faisait l’opposition depuis plusieurs années, les putschistes ont accusé Sylvia et son fils Noureddin d’avoir été les « véritables dirigeants du pays » et au cœur d’un gigantesque réseau de corruption, en manipulant notamment le chef de l’État qui, lui, n’a pas le statut de détenu. Ses avocats parisiens ont annoncé que Sylvia Bongo était « détenue au secret » et « arbitrairement » quelque part au Gabon.
Noureddin Bongo et les six autres membres dits de la « Jeune garde » du palais présidentiel sont détenus notamment pour « haute trahison, détournements massifs des deniers publics, malversations financières internationales en bande organisée, faux et usage de faux, falsification de la signature du président de la République, corruption active, trafic de stupéfiants ».
AFP