Après l’audience par téléphone de mardi soir 7 février, on attend aux Etats-Unis la décision de la cour d’appel sur le décret visas de Donald Trump. Le président a critiqué une justice trop politisée. Une prise de position qui gêne les parlementaires républicains et démocrates.
Assaillis de questions de toutes parts, les juges de San Francisco refusent de céder à la pression et tentent de réfléchir, sereinement, dans la tourmente. Ils annoncent dans un communiqué que les parties intéressées seront prévenues avant l’annonce de leur décision. Pression des médias, et de la Maison Blanche, le président des Etats-Unis ne cache pas son mépris pour la cour après avoir écouté l’audience. « J’ai écouté tout ça l’autre soir à la télévision, c’était une honte, une honte… La menace terroriste est bien plus grave que ce que les gens comprennent », a déclaré Donald Trump.
La presse américaine croit savoir que les juristes du ministère de la Justice et de la Maison Blanche sont désolés après ces déclarations présidentielles à l’emporte-pièce. Le représentant républicain Kizinger, pourtant favorable au décret sur les visas, estime lui aussi que cette critique est contreproductive : « Nous devons respecter le fait que les juges sont là pour restreindre le pouvoir, quand ils pensent que le gouvernement va trop loin. Et que vous soyez d’accord ou pas, je pense que c’est la mauvaise tactique d’attaquer les juges. »
Le général Kelly, au département de la Sécurité nationale, reconnaît de son côté que la mise en œuvre du décret fut trop rapide. « C’est de ma faute, a-t-il expliqué devant le Congrès, j’aurais dû retarder son application. Nous aurions ainsi évité le chaos du week-end dernier. »
Aux Etats-Unis comme en Europe, les déserts médicaux existent. Peu de diplômés américains acceptent en effet d’aller s’installer dans les petites villes de l’Amérique profonde. Le décret Trump sur les visas est un réel problème pour la santé publique. C’est l’avis de l’association médicale américaine, la plus ancienne organisation professionnelle du secteur, créée voilà un siècle et demi.
L’association a envoyé une lettre publique au ministère de la Sécurité nationale pour expliquer que le tiers des médecins ayant ouvert un cabinet aux Etats-Unis l’an dernier étaient des étrangers. Quelque 15 000 de ces praticiens sont, de plus, des ressortissants des sept pays ciblés par le décret Trump sur les visas. Des Iraniens en majorité, des Syriens et des Irakiens qui viennent prendre soin de l’Amérique rurale.
L’association s’inquiète du bien-être de ses membres, redoute une stigmatisation, un stress lié au climat qui prévaut en ce moment aux Etats-Unis, et fait remarquer que ces docteurs/immigrants vont, pour 80% d’entre eux, s’installer dans les déserts médicaux américains. Les petites villes du Midwest où les diplômés d’Harvard et autres universités prestigieuses ne veulent pas « aller s’enterrer ».
Rfi