Sept représentants syndicaux des médecins kényans ont été écroués lundi, après avoir été condamnés à un mois de prison pour leur rôle dans une grève qui paralyse les hôpitaux publics du pays depuis dix semaines.
C’est sûre d’elle que la juge Hellen Wasilwa a ordonné lundi leur incarcération, estimant qu’il n’existait aucun motif de revenir sur son jugement précédent. « Les requérants n’ont démontré devant le tribunal aucun argument nouveau et irréfutable, n’ont signalé aucune erreur dans le dossier, ou aucune raison suffisante qui justifierait de revenir sur la décision du tribunal », a-t-elle affirmé.
Sitôt le jugement prononcé, les syndicalistes ont été menottés et conduits en prison, en passant parmi leurs partisans rassemblés devant le tribunal, pancartes en main.
Mouvement illégal selon la justice
La grève dans les hôpitaux publics a démarré le 5 décembre. Les quelque 5 000 médecins du secteur public ont fait valoir que leur revendication principale – une multiplication de leur salaire par quatre – figurait dans un accord de négociation collective signé en 2013, mais qui n’a jamais été appliqué.
En guise de concession, le gouvernement a proposé d’augmenter de 40% leur salaire, une hausse jugée insuffisante par les syndicats. La justice a finalement donné raison au gouvernement, qui considère le mouvement illégal au motif que celui-ci a été enclenché alors que des négociations salariales étaient en cours.
La population otage de la grève
Les grévistes, qui dénoncent la corruption endémique gangrenant le pays, bénéficient du soutien de nombreux Kényans. Le quotidien kényan The Standard soulignait récemment qu’un député gagnait trois fois plus d’argent (plus de 10 000 euros mensuels) que les médecins les mieux payés du pays.
Mais dans le même temps, cette paralysie des hôpitaux publics comporte de lourdes conséquences pour les malades, dont certains sont dirigés vers des cliniques privées trop chères pour la majorité de la population.
JA