En Guinée, assiste-t-on aux premières sanctions suite à la bousculade meurtrière du stade de Nzérékoré ? Lundi 10 mars, dans la soirée, le gouvernement a annoncé le limogeage et la mutation de trois responsables civil et militaires de la région. Cette décision est intervenue quelques heures seulement après le dépôt d’une plainte par les familles des victimes. Les autorités de transition ne font pas le lien avec la tragédie pour justifier le départ de ses responsables locaux, mais pour les avocats des familles, cela ne fait aucun doute.
L’annonce a été faite par un communiqué du ministère de l’Administration territoriale, lu durant le journal télévisé de la RTG ( Radiodiffusion Télévision Guinéenne) ! « Le président de la délégation spéciale de Nzérékoré est limogé pour faute lourde ». Mais le document ne précise pas la nature de cette « faute lourde » !
Dans la même séquence, le ministère annonce que le gouverneur et le préfet de Nzérékoré, tous deux militaires opèrent pour leur part un jeu de chaises musicales avec leurs homologues de deux autres régions. Le préfet de Nzérékoré permute avec celui de Boké et le gouverneur avec celui de Mamou. Là aussi sans plus de précision !
Ces décisions coïncident avec le dépôt de la plainte de 98 familles de victimes qui accusent les hiérarchies militaires et civiles locales d’une quinzaine d’infractions, dont « meurtre, homicide involontaire et recel de cadavres ». L’avocat des familles, Me Paul Lazard Gbilimou se dit heureux de la mesure et encourage les autorités de transition à aller plus loin : « Elles feraient mieux d’ailleurs de les démettre tous de leurs fonctions au lieu de les muter. Cela va permettre au procureur de mener mieux ses actions. Parce que n’oublions pas que le parquet est régi par la hiérarchie, donc quelque part, il peut recevoir des instructions de part et d’autre. Nous attendons à ce que les autres soient limogés et que ça ne se limite pas seulement au limogeage, mais qu’ils soient mis à la disposition de la justice. » La plainte des familles vise également le ministre de la Santé Félix Lamah et celui des Sports Bogola Haba, tous deux présents au stade lors de la bousculade.
Pour rappel, le 1er décembre 2024, le stade archi-saturé de Nzérékoré a été le théâtre d’un violent mouvement de foule après des tirs de gaz lacrymogènes lors d’un match de foot organisé en soutien au général Mamadi Doumbouya. Le nombre de victimes s’élève à 56 morts selon le bilan officiel, bien plus du double, au moins 140, selon les enquêtes des ONG locales.
Rfi
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