Le président gambien Adama Barrow effectue une visite officielle en France, puis en Europe. Il arrive ce mardi 14 mars à 9h et passe 48h en France. Une visite pour parler coopération économique : ce mardi, le président gambien doit s’entretenir avec le ministre de l’Economie et du budget, avec le directeur de l’Agence française de développement et avec le ministre des Affaires étrangères.
Fin janvier, les diplomates européens avaient de manière unanime salué un « changement démocratique pacifique » lorsque Adama Barrow avait pu regagner Banjul en tant que président élu.
Adama Barrow va s’entretenir avec François Hollande, qui se félicitait dans une lettre de l’ouverture d’une « ère nouvelle ». La France a suivi de près la crise gambienne. Signe de cet intérêt, Paris avait dépêché une ancienne ambassadrice pour suivre les longues négociations autour du départ de Yahya Jammeh, rappelle une source bien informée.
Au-delà des soutiens politiques et financiers, Adama Barrow veut rencontrer la communauté gambienne exilée en France. Il devrait s’entretenir avec cinq responsables d’associations locales pour parler de son programme de réconciliation nationale.
« Tout l’enjeu, commente une Gambienne établie à Paris, c’est de rassurer les personnes qui ont été brutalisées par le régime de Jammeh, de leur dire qu’elles peuvent rentrer en toute sécurité. Car, ajoute cette source, certains Gambiens veulent rentrer, mais ils ont encore peur des représailles. »
Une tournée européenne
Le président gambien vient à Paris mais aussi à Bruxelles, où il va rencontrer plusieurs dirigeants pour relancer la coopération économique avec les pays occidentaux. L’Union européenne était jusque récemment un partenaire privilégié de la Gambie. Mais ses relations étaient en dent de scie, en raison de l’instabilité du régime de Yahya Jammeh.
Le président gambien entame une tournée pour convaincre les partenaires au développement de soutenir son pays. Car selon une source officielle gambienne, « les caisses de l’Etat sont vides, il nous faut relancer les partenariats ». Adama Barrow compte donc profiter de la nouvelle image que renvoie la Gambie, celle d’une alternance démocratique.
A Paris, Adama Barrow va s’entretenir avec le ministre de l’Economie et des Finances. Il devrait rencontrer le patronat français et discuter coopération avec le directeur de l’Agence française de développement.
Ensuite à Bruxelles, le président gambien devrait avoir une confirmation officielle du soutien de l’Union européenne pour son pays. Et c’est un geste symbolique fort, puisqu’en 2010, l’UE avait annulé l’octroi d’une aide budgétaire de 22 millions d’euros, en arguant de préoccupations concernant les droits de l’Homme et la bonne gouvernance. Point d’orgue de ces crispations entre Banjul et Bruxelles: l’expulsion en juin 2015, de la représentante de l’UE à Banjul.
Mais l’élection d’Adama Barrow semble avoir changé la donne. Bruxelles a annoncé vouloir débloquer 75 millions d’euros pour financer des mesures d’aides immédiates. Il s’agit d’une aide pour les populations vulnérables et pour réhabiliter les routes. L’UE étudie le versement de 150 millions d’euros à moyen terme, pour réformer l’Etat de droit et créer des emplois.
Une mission technique devrait se rendre en Gambie pour évaluer les besoins du pays.
rfi