Excellences Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les Ministres, représentants de Gouvernements, et d’Institutions Internationales,
Monsieur le Président du World Strategic Forum,
Mesdames et Messieurs les Chefs et représentants d’entreprises, ,
Mesdames et Messieurs,
Distingués invités,
L’honneur m’échoit de prendre la parole devant cette auguste assemblée, pour m’exprimer, au nom du Premier Ministre de la République de Guinée, SE Mamady YOULA, sur un sujet aussi central : Investing for Growth.
Je voudrais avant toute chose, au nom du Président de la République de Guinée, Président en Exercice de l’Union Africaine, Son Excellence le Professeur Alpha Condé, et du Gouvernement, vous exprimer ma profonde reconnaissance pour avoir convié la Guinée à prendre part à cet important forum, qui constitue un formidable cadre d’échange et de partage, avec les plus grands acteurs de l’économie mondiale.
Mesdames et messieurs, distingués invités,
Investing for growth est un sujet central pour chacun d’entre nous et pour tous.
En effet,
L’investissement n’est-il pas le fait de tout acteur économique rationnel en quête de valeur ajoutée.
Ménages, administrations, entreprises, états, ne sommes-nous pas tous des investisseurs.
La littérature économique ne nous a-t-elle pas toujours enseignée que la richesse vient de la production et, que pour qu’il y ait production, il faut de l’investissement.
Le défi pour nous, décideurs privés et publics, n’est-il pas de déterminer les stratégies et les politiques idoines à mettre en œuvre pour créer les conditions et atteindre une croissance durable, soutenue et diversifiée,
Nous sommes tous dans cette salle des acteurs majeurs de l’investissement et de la croissance.
Nous optimisons nos approches sous des contraintes de plus en plus diverses et complexes.
Mais nous y sommes tous engagés pour soutenir nos entreprises et nos économies. Créer et préserver les emplois, contribuer à un mieux- être pour tous, et favoriser ainsi la paix et la stabilité dans le monde.
Mesdames et messieurs, distingués invités,
Dans un monde dynamique et faisant face à de nombreux défis financiers, économiques, sociaux et démographiques, chaque région est appelé inéluctablement à jouer sa partition en vue de contribuer à garantir la stabilité de nos pays et à promouvoir le développement.
Et, l’Afrique est aujourd’hui pleinement consciente et engagée à faire face à ces défis, surtout en ce moment où son dividende démographique est favorable.
Le chemin le plus efficace, pour se faire, est celui de poursuivre une trajectoire de croissance réaliste, reposant sur une valorisation durable de nos ressources naturelles, appuyée par des investissements massifs mais sélectifs, notamment dans les infrastructures favorables à la production et au commerce.
L’environnement des affaires doit pouvoir aussi être incitatif, pour motiver l’investisseur ; et quant aux politiques publiques, elles doivent contribuer à la fourniture des services sociaux de base et à l’incitation de l’initiative privée.
Mesdames et Messieurs, Distingués invités,
Je voudrais vous donner un aperçu du contexte et des perspectives d’investissement en Afrique ;
Dans un contexte international difficile, marqué entre autres par le ralentissement des activités économiques, corollaire de la frilosité des investissements, de l’instabilité des cours des matières premières, des crises migratoires, du terrorisme islamiste, des replis identitaires et des mesures de sauvegarde, l’Afrique, avec son marché d’un milliard d’habitants offre de réelles opportunités en termes d’investissement et de commerce.
Alors que la croissance de l’économie mondiale est estimée par le FMI à 3,5% en 2017, celle de l’Afrique serait de 2,6%, contre 1,4% en 2016. Ce faible niveau de performance projeté, par rapport à celui de l’économie mondiale, s’explique par les difficultés que connaissent le Nigéria et l’Afrique du Sud, les deux plus grandes économies du continent.
La faiblesse du niveau d’investissement explique aussi cette situation.
En guise d’illustration, en 2015, la part du continent dans les flux d’Investissements directes étrangers était seulement de 54 milliards USD, soit respectivement trois fois moins et dix fois moins que celles de l’Amérique Latine et de l’Asie en développement. Cette part représente à peine 3% des flux mondiaux d’IDE.
Du fait de l’insuffisance de ressources, pour financer les infrastructures socio-économiques porteuses de croissance, d’une gouvernance macroéconomique et financière de moins bonne qualité (dans certains pays du continent) et du climat des affaires marqué par endroit d’incertitudes, l’Afrique n’arrive pas encore à tirer pleinement profit de son énorme potentiel démographique et naturel.
Pourtant, nous avons des atouts à faire valoir : notre population est jeune à plus de 60%, nos ressources naturelles connues sont immenses, nous constituons un marché de plus d’un milliard de consommateurs et notre continent est stratégiquement positionné pour accéder aux marchés européens et américains.
Cet immense potentiel est un véritable atout qu’il faudra transformer en opportunité pour permettre à notre continent de participer plus activement à la création de richesse à l’échelle mondiale, au même titre que les autres continents.
Mesdames et Messieurs, Distingués invités,
Dans un monde de plus en plus globalisé, le libre-échange reste le moteur le plus puissant du développement économique et social.
Aujourd’hui, le défi pour les dirigeants africains est de faire face au protectionnisme qui tend à se banaliser, surtout à ce moment où nous devons plus que jamais ouvrir nos frontières au libre mouvement des personnes, des biens et des services.
Il est clair que l’Afrique doit également faire face aux facteurs internes pour booster le commerce entre pays africains. En effet, certains pays africains imposent des tarifs exorbitants sur les produits des autres nations africaines ; alors que le commerce entre pays africains dépasse à peine 10% de leurs exportations totales, contre 40% pour l’Amérique du Nord et 60% pour l’Europe occidentale.
C’est conscient de ce facteur bloquant, que la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), à laquelle la Guinée appartient, a décidé d’adopter en 2006, le Tarif Extérieur Commun, comme un instrument d’harmonisation des politiques commerciales de la région et de renforcement de son Marché Commun.
Ce Tarif Extérieur Commun est entré en vigueur le 1er janvier 2015 et existe déjà en Afrique de l’Est et en Afrique Australe.
Mesdames et Messieurs, Distingués invités,
L’Afrique de l’Ouest est donc aujourd’hui un modèle d’intégration qui se porte de mieux en mieux, en dépit de certains défis d’ordre socio-politique. Cette région offre donc plusieurs opportunités en termes d’investissements et de commerce.
En effet, avec ses 320 millions de consommateurs, la CEDEAO est une zone de libre échange protégée par un Tarif Extérieur Commun, presque autant que les États-Unis et la Zone euro.
Elle offre également la facilité d’accès au marché européen, grâce à « l’Accord de partenariat économique avec l’UE ».
Au-delà de ses ressources naturelles, la CEDEAO est la deuxième zone la plus dynamique du continent africain en termes de création de richesses sur les cinq dernières années, après l’Afrique orientale.
Les perspectives de croissance sont bonnes pour les deux prochaines années : environ 3,1% en 2017 et 4,1% en 2018.
Mesdames et Messieurs, Distingués invités,
Dans cette région, la République de Guinée, avec ses 12 millions de consommateurs, demeure le seul pays ayant un accès à la mer et disposant de six frontières terrestres avec les autres pays membres de la CEDEAO. Vous l’aurez sans doute compris, cette position stratégique fait d’elle un carrefour naturel des échanges et une tête de pont pour accéder à ce marché sous régional en essor.
Après plusieurs épisodes d’instabilité socio-politique et économique, mais aussi de crise sanitaire, notre pays a réussi à se remettre en selle et à se doter d’une trajectoire de croissance ascendante.
Du point de vue politique
Le Président Alpha Condé occupe depuis le 30 janvier 2017 la présidence de l’Union Africaine, après sa réélection du 14 décembre 2015 pour un second mandat de cinq ans. Le climat politique et social est apaisé et le dialogue entre partenaires sociaux se renforce ;
Du point de vue économique
La gouvernance du cadre macroéconomique se consolide notamment avec la conclusion de la 8ème et dernière revue de performance du programme de Facilité Élargie de Crédit avec le Fonds Monétaire International.
Nous entamons avec cette institution des négociations pour un programme successeur qui, nous l’espérons, nous permettra d’améliorer la qualité de nos infrastructures et d’investir plus intensément dans la croissance.
En 2017, nos prévisions de croissance sont de 4,6%, contre 5,2% en 2016 et 0,1% en 2015.
Cette croissance est soutenue par des investissements importants en cours dans le secteur minier et dans l’énergie avec l’ouverture du barrage de Kaleta (240MW) et la construction du barrage de Souapiti (500 MW). Bien d’autres barrages multi-services sont programmés à être réalisés dans les 5 années à venir, ce qui fera de nous un pays exportateur d’énergie dans la sous-région, mais surtout rendra notre économie plus compétitive, en réduisant sensiblement les couts des facteurs de production.
Le niveau d’endettement de notre pays est aussi maîtrisé.
La dette publique totale attendue de 48% du PIB en fin 2017 dont 30% environ de source externe ; quant au solde primaire et le solde du compte courant, ils étaient respectivement déficitaires de 0,2% et 5,3% du PIB en 2016.
Enfin, nous avons proscrit tout financement monétaire du déficit depuis 2011, le niveau d’inflation attendu en 2017 est de 8,4, contre 20,6% en 2011.
Mesdames et messieurs, distingués invités,
C’est dans ce contexte économique favorable que nous avons adopté notre nouveau Plan National du Développement Économique et Social (PNDES) pour la période 2016-2020 dont le coût est estimé à environ USD 14,5 mrds.
30% de ce plan seront financés par le budget national, tandis que 38% le seront par le secteur privé, en PPP.
En termes de besoin de financements, le montant à rechercher serait de 4,6 milliards USD, soit32% du coût total du plan. Avec ce plan, nous visons un taux de croissance à deux chiffres à l’horizon 2020 (10,2%).
Je tiens à préciser que ce plan repose sur un programme d’investissement public regroupant les principaux projets qui sous-tendent la croissance économique nationale.
Ces projets s’articulent autour des secteurs des mines, des énergies renouvelables, des infrastructures, de l’agriculture, de l’agro-industrie et de l’assainissement.
Mesdames et Messieurs, Distingués invités,
Certains d’entre vous se posent certainement aujourd’hui une question simple : Pourquoi prendre le risque d’investir en Guinée ?
Je vais tenter d’y répondre en 7 points :
1. La Guinée dispose de la plus grande réserve de bauxite et de minerai de fer le plus riche au monde ;
2. La Guinée est une puissance agricole et énergétique en devenir, avec 6 millions d’HA de terres arables et un potentiel énergétique de 6 000 MW ;
3. Les coûts des facteurs de production y sont faibles avec une main d’œuvre et des matières premières abondantes ;
4. L’environnement des affaires est de plus en plus attractif et le cadre juridique est propice (15 points de gagner dans le classement « Doing Business » au cours des trois (3) dernières années) et la Guinée a été classé parmis les 20 pays les plus plus réformateurs en 2014.
5. La réalisation d’importants investissements de l’État dans les infrastructures de base ;
6. La stabilité politique et les indicateurs macroéconomiques sont au vert ;
7. La Guinée est un point stratégique d’entrée à la sous-région qui offre un accès à un important marché de 320 millions de consommateurs et à des perspectives concrètes aux investisseurs du monde.
Nos ressources naturelles nous prédisposent à un développement socioéconomique certain, qui fera de notre pays un moteur de la croissance de l’Afrique de l’Ouest et un partenaire stratégique pour tous les investisseurs de cette région.
Nous ambitionnons de faire de la Guinée un carrefour des investissements en Afrique à l’horizon 2025 et nous vous invitons à venir accomplir avec nous ce formidable destin économique.
GUINEA IS WAITING FOR YOU AND READY FOR BUSINESS
Je vous remercie de votre aimable attention.
Mohamed Lamine Doumbouya
Ministre du Budget
Transmis par la Cellule de Communication du Gouvernement