Alors qu’Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont entrés dans la campagne de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle, les candidats ont en tête le rendez-vous des législatives de juin, un scrutin plus décisif que jamais cette année.
C’est un rendez-vous électoral éclipsé par la présidentielle, mais qui n’en est pas moins important pour l’avenir politique de la France. Les élections législatives, prévues les dimanches 11 et 18 juin, décideront en effet de la majorité gouvernementale avec laquelle le/la prochain(e) président(e) de la République gouvernera… ou pas.
Car cette année, avec un deuxième tour opposant Emmanuel Macron à Marine Le Pen et deux autres candidats ayant obtenu environ 20 % des suffrages au premier tour, rien n’indique que le futur président de la République disposera d’une majorité à l’Assemblée nationale. François Fillon en avait d’ailleurs fait un argument de campagne pour convaincre les Français de voter pour lui. « Le fait est que M. Macron est dans une situation qui ne lui permet pas d’obtenir une majorité », avait-il insisté, le 13 mars sur Europe 1. Quant à Mme Le Pen, chacun voit bien qu’elle ne peut pas avoir de majorité au Parlement. Donc oui, je suis le seul candidat qui peut, aujourd’hui, avoir une majorité. » En vain, puisque ce sont précisément ces deux-là que les électeurs ont porté au second tour.
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« C’est la première fois que l’élection présidentielle va se faire sous l’influence des législatives, alors que d’habitude c’est l’inverse, note le politologue Pascal Perrineau, professeur à Sciences-Po Paris, contacté par France 24. Jamais la question de la majorité législative n’a été aussi floue. D’ordinaire, il y a une ratification du choix du président avec des majorités préconstruites autour de la droite ou de la gauche. Or, là, que ce soit avec Emmanuel Macron ou Marine Le Pen, il n’y aura aucune majorité préconstruite. »
Chacun des finalistes sait bien qu’il va devoir rassembler, d’abord pour être élu, puis pour gouverner. Emmanuel Macron a affirmé dès dimanche soir vouloir « construire une majorité de gouvernement et de transformation nouvelle. » « Prenez dès ce soir la part du risque qui vous revient pour me rejoindre dans cette majorité parlementaire que je construirai dès demain », a-t-il lancé à ceux, à droite et à gauche, qui pourraient être tentés de le rejoindre pour les législatives.
Gauche ou droite : de quel côté penchera Emmanuel Macron ?
Quant à Marine Le Pen, son retrait de la présidence du Front national, annoncé lundi soir sur le plateau de France 2, a justement pour but de dissocier son image de celle du parti fondé par son père Jean-Marie afin de rassurer en vue d’éventuelles alliances politiques et autres ralliements.
Sauf qu’à l’heure actuelle, Marine Le Pen semble toujours peiner à convaincre d’autres partis de la rejoindre et qu’Emmanuel Macron reste muet sur la question, affirmant qu’il mènera la bataille des législatives sans passer le moindre accord avec un autre parti.
« Emmanuel Macron n’aura pas de majorité purement En Marche !, surtout avec les contraintes qu’il s’est lui-même imposées, comme la parité et le renouvellement de la classe politique, estime toutefois Pascal Perrineau. Il va donc être obligé de rabaisser ses prétentions et, le moment venu, de négocier autour d’une table.
La question de savoir de quel côté penchera Emmanuel Macron en cas d’élection est donc légitime et devrait sûrement être exploitée d’ici au 7 mai par Marine Le Pen, qui lui fera remarquer que beaucoup plus d’élus de gauche que de droite se sont jusqu’ici ralliés à En Marche !.
Quant au deux grands partis traditionnels qui ont été balayés lors du premier tour de cette présidentielle, leurs regards sont aussi tournés vers le scrutin du mois de juin. Au-delà des décisions sur leur position officielle de l’entre-deux-tours, le spectre des législatives a régné lors des réunions, lundi, au Parti socialiste et chez Les Républicains, laissant apparaître de sérieuses divisions quant à l’attitude à adopter vis-à-vis d’Emmanuel Macron. Si l’issue du deuxième tour n’est pas encore connue, les élections législatives feront office, c’est certain, de troisième tour de l’élection présidentielle.
France24