Aux Etats-Unis, le limogeage du patron du FBI James Comey par Donald Trump a suscité énormément de réactions et de questions mercredi 10 mai. La décision était inattendue, et les proches du président américain ont eu bien du mal à la justifier et à faire croire qu’elle concernait l’attitude de James Comey dans l’affaire des courriels d’Hillary Clinton. Car depuis, le FBI enquête sur un sujet encore plus sensible : les liens de l’entourage Trump avec la Russie lors de la campagne électorale.
« Il ne faisait pas du bon boulot, c’est tout simple, il ne faisait pas du bon boulot. » Enervé, c’est tout ce que Donald Trump a dit à la presse mercredi pour justifier le limogeage du directeur du FBI, rapporte notre correspondant à New York, Grégoire Pourtier. La nouvelle a provoqué une véritable onde de choc à Washington et apparemment, Donald Trump ne s’attendait pas à ce que sa décision soit autant contestée.
Dès mercredi matin, il s’est donc fendu de ses tweets dont il a le secret, pour souligner l’hypocrisie des démocrates, qui dénonçaient la veille l’action de James Comey et qui s’indignent désormais de son renvoi.
Frustré que sa décision ne soit pas saluée par tous, le président se retrouve au contraire sous le feu des critiques. Mais ses envolées sur le réseau social n’ont pas freiné ses détracteurs, qui viennent aussi du camp républicain, choqué par ce « fait du prince » sans précédent depuis 25 ans. Républicains comme démocrates réclament des explications, et celles de la porte-parole de de la Maison Blanche sont nébuleuses.
Trump aurait perdu confiance en James Comey depuis plusieurs mois, puis ce sont des informations récemment transmises par le ministère de la Justice qui l’aurait convaincu. « Lire une lettre comme celle qu’il a reçue et avoir cette conversation qui a souligné les atrocités commises pour contourner la voie hiérarchique au ministère de la Justice, je pense que cela a finalement déclenché sa décision. »
Sarah Huckabee Sanders ose parler d’atrocité, en référence à la manière dont Comey aurait géré l’affaire des courriels d’Hillary Clinton. Son attitude avait pourtant plutôt favorisé l’élection de Trump. Sur CNN, la sénatrice Elizabeth Warren exprime le sentiment du camp démocrate : « Je pense qu’il ne fait pas de doute, étant donné le timing, que la raison est que Donald Trump veut bloquer toute enquête sur sa campagne électorale et sur ses connexions avec la Russie. »
Mais d’autres responsables de la Maison Blanche estiment que le ressentiment de Donald Trump à l’égard de James Comey montait depuis plusieurs mois, et que c’est le refus du patron du FBI de faire relire le témoignage qu’il prévoyait de faire au Sénat qui a déclenché le limogeage. Un refus qui avait été considéré comme un acte d’insubordination.
Mercredi, de nombreuses informations contradictoires ont circulé et James Comey pourrait être entendu la semaine prochaine pour donner sa version. Pour les jours à venir, les questions sont donc nombreuses. Qui va prendre la tête du FBI et surtout que va devenir le dossier sur Trump et la Russie ? L’opposition réclame une enquête indépendante, mais ce n’est apparemment pas l’idée de la Maison Blanche.
Rencontre avec Lavrov
Hasard du calendrier, le président américain rencontrait ce mercredi un officiel russe pour la première fois depuis son arrivée à la Maison Blanche : le ministre des Affaires étrangères, Sergeï Lavrov.
Malgré les enjeux importants, comme la Syrie ou l’Ukraine, force est de reconnaître que cette réunion a en fait perdu de son relief. D’abord parce que l’ensemble des médias américains ont été totalement obsédés par le limogeage de James Comey et les conditions étonnantes de cette décision qui a pris tout le monde de court et qui a créé finalement davantage de problèmes qu’elle n’en règle. Et puis Trump et Lavrov ne sont jamais apparus publiquement ensemble, donnant un minimum d’informations sur leur discussion.
Evidemment, on peut imaginer que les deux hommes ont évoqué l’enquête du FBI. Lavrov a d’ailleurs plusieurs fois semblé amusé par la confusion régnant à Washington, car quelle que soit l’implication de Moscou ces derniers mois, force est de constater que la Russie a mis une sacrée pagaille aux Etats-Unis.
rfi