Le lancement de la nouvelle entité, inspirée de l’Union Européenne (UE), devrait avoir lieu aujourd’hui C’est en 2004 à Durban en Afrique du Sud que le 38e et dernier sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), qui à laisser la place à l’Union africaine (UA).
Le président sortant de l’OUA, le Zambien Levy Mwanawasa, a ouvert le sommet en présence d’une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement, du secrétaire général Amara Essy, du secrétaire général des Nations unies Kofi Annan et de l’ancien président sud-africain Nelson Mandela. Aucun ministre ne représentait le gouvernement malgache de Marc Ravalomanana. Ceci en raison de la décision prise par l’OUA le 21 juin à Addis Abeba, de priver Madagascar de représentation à ce sommet suite à la rivalité entre Didier Ratsiraka et Marc Ravalomanana.
Avec la fin de l’OUA, créée en 1963, les dirigeants africains vont tourner une page historique du continent, celle des indépendances et des premiers pas vers l’unité, mais marquée par les autoritarismes, le sous-développement chronique et les nombreux conflits. Les chefs d’Etat doivent adopter les protocoles agréés par leurs ministres cette semaine, sur les organes-clés de l’UA. L’adoption de ces organes vaudra le lancement de l’Union. Ceux-ci, inspirés de l’Union européenne, sont censés en faire une organisation plus intégrée, mieux gouvernée, plus efficace.
La Commission, succédant à l’actuel secrétariat général, avec pouvoirs et moyens renforcés, sera le poumon de l’UA. Elle aura un rôle exécutif des décisions de la Conférence des chefs d’Etat de l’Union. Le secrétaire général de l’OUA, Amara Essy -qui devrait assurer pendant la phase de transition la présidence de la Commission-, a demandé du temps pour l’UA, ses institutions et son intégration. Impulsée en 1999-2000 par le Libyen Mouammar Kadhafi, qui voyait en elle se concrétiser «son rêve africain», l’UA a été proclamée en 2001 à Syrte en Libye. Sa consistance politique et sa capacité d’intervention devraient être mises rapidement à l’épreuve sur un continent déchiré par une vingtaine de conflits.
Le secrétaire général de l’ONU, le Ghanéen Kofi Annan, est présent à Durban pour saluer la naissance du nouvel espoir que représente l’Union africaine. Il a rendu hommage à l’action de l’OUA et salué la naissance de l’Union africaine, appelant à l’effort pour que les espoirs qu’elle porte deviennent réalité. «Nous sommes arrivés au moment présent par un chemin long et tortueux. Il y a 39 ans, lorsque vos prédécesseurs, en avance sur leur temps, se sont réunis à Addis- Abeba pour fonder l’OUA, ils n’auraient pas pu, même s’ils l’avaient voulu, se réunir ici, à Durban» en raison du régime d’apartheid, va-t-il ajouté. Il a aussi souligné que les Africains se lancent «dans la construction de leur Union alors que les conditions sont objectivement bien moins favorables» en raison du manque de ressources, du sous-développement économique et des conflits.
Vêtu d’une djellabah mauve, parlant d’une voix basse, le colonel libyen a affirmé hier à Durban: «Ceux qui veulent nous aider sont les bienvenus, mais nous ne voulons pas de ceux qui veulent nous imposer leurs conditions». Après avoir «parcouru» l’Afrique au cours de son discours en saluant les nombreux mouvements de libération nationale depuis les indépendances, Kadhafi a salué la naissance à venir de l’Union africaine qu’il a initiée il y a deux ans au Sommet de Lomé. «La création de l’Union africaine, qui concrétise mon rêve, suffit à remplir ma vie (…). C’est un honneur pour nous que le dernier pays d’Afrique à s’être libéré accueille la naissance de l’Union».
Minkael Camara
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