Dans la capitale rwandaise, les dirigeants africains ont décidé de donner un nouveau souffle à l’organisation panafricaine en adoptant un nouveau mécanisme de financement. Ils ont donné le ton, dès l’ouverture des travaux, avec le lancement du passeport panafricain
Le 27ème sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine s’est ouvert, hier, au centre de convention de Kigali, un impressionnant complexe composé d’infrastructures d’accueil et de salles de conférence ultramodernes. Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, qui prend part à la rencontre, est accompagné pour la circonstance de son épouse, Mme Kéïta Aminata Maïga, des ministres des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, de l’Economie et des Finances, Boubou Cissé, de la Justice, des Droits et l’Homme et Garde des Sceaux, Me Mamadou Ismaël Konaté, et de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication, Porte-parole du gouvernement, Me Mountaga Tall.
Fait inédit : la cérémonie d’ouverture a été précédée d’une séance à huis clos des chefs d’Etat et de gouvernement. Au menu des échanges entre les dirigeants, le dossier de la succession de la Sud-Africaine, Mme N’Kosazana Dlamini Zuma, à la tête de la commission de l’UA. Il y a lieu que les chefs d’Etat s’accordent sur une méthode à ce sujet car il est question de nouvelles candidatures alors que trois personnalités avaient été retenues comme candidats.
Ce dossier chaud pourrait faire de l’ombre au thème officiel du sommet : « 2016 : l’année africaine des Droits de l’Homme avec une attention particulière pour les Droits des femmes ».
Le rendez-vous de Kigali sera aussi l’occasion, pendant deux jours, pour les chefs d’Etat, d’échanger sur les questions de sécurité, de financement de l’organisation commune.
L’événement phare de cette cérémonie a été le lancement du passeport panafricain par les présidents Idriss Déby Itno, président en exercice de l’UA et son homologue rwandais, Paul Kagamé, qui ont reçu le document des mains de la présidente sortante de la commission de l’UA, Mme N’Kosazana Dlamini Zuma.
Dans son allocution de bienvenue, l’hôte du sommet, le président rwandais, a exprimé la fierté de son pays d’accueillir cette rencontre de haut niveau de l’UA qui a pour objectif de réfléchir sur le destin du continent. Pour Paul Kagamé, l’unité est la seule valeur universelle qui vaille pour permettre à l’Afrique de surmonter ses défis. Prenant l’exemple sur son pays qui, en 1994 a été dévasté par la guerre civile, il a expliqué la place accordée à l’unité nationale qui, aujourd’hui, fait du Rwanda une fierté.
Abordant le thème de la rencontre, le chef de l’Etat rwandais a mis l’accent sur la synergie entre les hommes et les femmes pour le développement du continent. Cette synergie est aussi nécessaire pour combattre les menaces sécuritaires, estimera-t-il.
Prendre son destin. Sur la question du financement de l’UA, Paul Kagamé a exhorté les dirigeants du continent à une volonté politique afin de mettre en œuvre les propositions adoptées lors de la session à huis clos des chefs d’Etat et gouvernement qui a précédé la présente cérémonie d’ouverture.
La présidente de l’Union panafricaine de la jeunesse, Mlle Francine Furaha Muyumba, s’est réjouie de l’intérêt que l’UA accorde à sa jeunesse qu’elle met au centre de son développement. Notons que l’UA a décidé de consacrer l’année 2017 à la jeunesse en incitant les Etats à investir dans cette couche importante pour le devenir du continent conformément à l’Agenda 2063.
La présidente de l’Union panafricaine de la jeunesse a souhaité la mise en place d’un fonds africain pour le développement de la jeunesse afin de soutenir les actions dans l’agriculture, et les TIC et réduire le chômage. Elle a également souhaité la ratification par les Etats de la charte africaine de la jeunesse.
Le président palestinien, Mahmoud Abass, invité spécial à toutes les sessions de la conférence des chefs d’Etat du continent, a remercié l’Union africaine pour le soutien apporté à son pays qui, depuis plusieurs décennies, subit l’injustice de la part d’Israël. Il a souhaité une UA plus forte pour aider son pays à retrouver la liberté et l’indépendance.
La présidente sortante de la commission de l’UA, Mme N’Kosazana Dlamini Zuma, a mis l’accent sur les espoirs du continent illustrés par la mise en circulation du passeport panafricain pour renforcer l’unité sur le continent. Elle a expliqué que le passeport panafricain sera, dans un premier temps, délivré aux ministres et aux ambassadeurs et a exhorté les Etats à prendre des mesures pour étendre l’accès du document aux populations.
Mme Zuma a dénoncé les crises qui affectent la stabilité de pays d’Afrique et qui remettent en cause les efforts de développement. Rappelant le contexte dans lequel se tient la présente session, elle a déploré la reprise des violences au Sud Soudan, la persistance de la crise au Burundi, ou encore les attaques terroristes dans notre pays. Elle n’a pas manqué de féliciter les chefs d’Etat africains élus ou réélus pour la confiance placée en eux par leur peuple.
L’UA ne sera jamais indifférente aux conflits sur le continent et déploiera tous les moyens pour les prévenir ou apporter une solution durable, a indiqué Mme Zuma pour qui la paix et la sécurité sont un impératif de l’Agenda 2063. Elle s’est félicitée des actions menées à la tête de l’UA depuis 4 ans et a souhaité l’implication de la presse pour l’atteinte des objectifs de l’Agenda 2063.
A la suite de Mme Zuma, le président en exercice de l’UA, le président tchadien a indiqué que le nouveau passeport panafricain est une fierté. Idriss Déby Itno a rappelé que l’Union africaine bien que faisant face à de nombreux défis, a décidé de prendre son destin en main et de répondre aux aspirations des peuples à travers un nouveau mécanisme de financement qui sera adopté au cours des travaux de la présente conférence.
Pour Alpha Condé
« Vous ne pouvez pas être indépendants si vous êtes incapables de vous autofinancer. La plus part des dépenses de l’union africaine sont prises en charges par d’autres. On doit voir comment changer cela… », a lancé Alpha Condé, en marge d’un tête-à-tête avec le président en exercice de l’Union, le Tchadien Idris Déby Itno.
« On ne peut pas vouloir être indépendant et tendre la main. C’est très important de voir comment nous allons pouvoir financer les activités de l’union Africaine », propose le Chef de l’Etat guineen.
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