De nos jours, la Guinée est en train de vivre une situation socio-politique très critique, avec l’annonce des manifestations par l’opposition, l’instabilité politique, des discours et des contres discours et aussi la tension qui pèse du jour au lendemain. Ce dimanche, 31 juillet 2016, notre rédaction a rencontré l’un des anciens membres du conseil national de la transition (CNT), et également membre de l’opposition républicaine, qui a voulu bien aborder cette situation. Selon lui, aller encore au dialogue, est une perte de temps, car pour lui, les accords des concertations précédentes ne sont pas encore appliqués à la lettre. Nous vous laissons lire cette interview.
Bcmedia.org : Vous êtes membre de l’opposition républicaine et ancien membre du Conseil National de la transition (CNT). Aujourd’hui quelle lecture faites-vous sur la situation socio-politique actuelle de la Guinée ?
Entant que membre de l’opposition républicaine, nous avons le devoir de défendre l’intérêt national, mais aussi contraindre le pouvoir public par rapport aux engagements qui ont été tenus. La crise actuelle, est une crise prémédité et occasionnée par le pouvoir, parce que vous êtes témoin depuis l’accord d’août 2015, l’opposition républicaine n’a pas tenue à marcher, on n’a toujours appelé au dialogue, c’est à la dernière minute que le pouvoir veut faire maintenant une main tendue, pour pouvoir avorter la date du 04 août que l’opposition a fixé pour les manifestations. Malheureusement, l’opposition n’est pas prête à faire cet joué. Nous maintenons notre mot d’ordre de manifestation, pour faire comprendre au pouvoir que la stabilité politique dépendra du respect des accords et des engagements de part et d’autre. Raison pour laquelle, compte tenue de la situation que nous vivons actuellement, nous devons leur faire pression, pour que non seulement les accords politiques soient respectés, mais aussi les conditions de vie des citoyens soient améliorées. C’est ce pouvoir qui a promis avec l’arrivée d’Alpha, qu’ils vont rattraper les 50 ans rétard du pays en 5 ans. Mais le guinéen n’a jamais été aussi misérable, aussi en insécurité, aussi abandonné pendant 50 ans qu’au temps de monsieur Alpha Condé.
Bcmedia.org : Vous voulez coûte-coûte faire des manifestations. Pensez-vous vraiment qu’aller dans la rue est la solution de la crise actuelle ?
Oui, elle est la solution parce que si vous êtes avec un adversaire qui ne comprenne que le langage de la rue, vous êtes dans l’obligation d’utiliser la meilleure stratégie possible, parce que vous êtes témoin sans ces manifestations, on aurait jamais avoir une assemblée nationale. Il a fallu combien de manifestations en 2012 et 2013 pour avoir l’assemblée nationale. Alors que la loi dit que l’assemblée nationale doit être installée 6 mois, après l’élection du président, il a fallu 3 ans après. Donc c’est grâce à ces manifestations qu’on n’a pu reformer la CENI de Lousseny Camara, grâce à ces manifestations qu’on n’a pu résoudre la question de recomposition des délégations spéciales en attendant les élections communales. Donc n’on n’a compris que ce régime en attends que ce bras de fer, ce rapport de force pour débloquer la situation. Donc on n’a pas autre choix, c’est le dernier recours. Vous êtes témoin, qu’on n’a participé à plus de 5 cadres de dialogue, mais aucun accord n’a été appliqué à la lettre.
Bcmedia.org : On sait bien qu’en Guinée chaque fois qu’il y une marche qui est organisée soit par l’opposition ou par une autre entité, il y a toujours eu des dérapages, voir des morts. Est-ce que cette fois-ci l’opposition a pris des mesures idoines, pour éviter ces problèmes lors de la marche ?
Puisse que la marche se fera devant la presse, vous serez témoin, même la presse internationale sera là, on saura qui est en train de tuer dans ce pays. Nous savons que les précédents cas d’assassinats qui ont été fait, ça été fait par les forces de l’ordre en toute impunité. D’ailleurs, ça fait partir de l’un de nos points lors des accords, qui prévoit l’ouverture d’une enquête, pour identifier les auteurs de ces crimes. Si cela n’est pas fait, c’est l’impunité qu’on encourage, c’est l’Etat qui donne l’ordre de tuer la population civile. L’opposition lance un appel aux forces de l’ordre que la constitution en son article 6 dit que nul n’est tenu d’obéir à un ordre manifestement inégal. Si le président ou si le maire, t’autorise à tirer sur les gens, il faut savoir que la responsabilité pénale est individuelle, elle n’est pas collective. On n’a vu des gens qui ont été des dictateurs, qui ont organisé des crimes à grande échelle, aujourd’hui ils sont en train d’être rattrapés par leurs passés. Il y a le camp Laurent Gbago, etc. et je vous dis que cela continue. Ceux qui sont dans l’impunité, tôt ou tard, ils seront rattrapés par les actes qu’ils ont posés de façon négative.
Bcmedia.org : vous-même, vous venez de dire que vous avez signés beaucoup d’accords avec Alpha, mais aucun n’a été respecté à la lettre. Pensez-vous vraiment qu’aller encore au dialogue, peut résoudre la crise actuelle ?
Aller au dialogue c’est une perte de temps. Ce que nous demandons, pour qu’on aille à un nouveau cadre de dialogue, nous volons l’application stricte des anciens points qui ont été obtenus et qui n’ont pas étés exécutés. Quand vous prenez la question d’indemnisation des victimes des manifestations, quand vous prenez la question des commissions d’enquêtes (le résultat), la question d’accès aux médias d’Etat, la question de neutralité de l’administration, vous êtes tous témoins que les préfets, les sous-préfets, les maires sont tous les cadres du RPG-Arc-en-ciel, le problème des délégations spéciales, qui doivent faire normalement 6 mois et aujourd’hui bientôt ces délégations vont faire 1 an en octobre prochain. Et jusqu’à présent le pouvoir refuse d’organiser les élections communales
Bcmedia.org : Avec cette crise politique actuelle, à la place du président Alpha, qu’aller vous faire ?
A la place d’Alpha, j’aurais dû accepter d’ouvrir le dialogue et respecter les accords, parce que la stabilité politique aujourd’hui constitue un sage d’encouragement, d’attraction des investisseurs vis-à-vis du pays. Parce que quand un pays est stable politiquement, il n’y a pas de manifestation, les engagements sont respectés, ce pays encourage les investisseurs de venir vers lui. Mais si à chaque fois, il y a l’instabilité politique, il y a des discours et des contres discours, il y a la tension qui pèse, le français ou l’américain qui veut venir pour investir dans le pays, ne viendra pas. Vous êtes témoin, à l’arrivé de monsieur Alpha Condé, il y a eu plein d’investisseurs en Guinée, il n’y avait même pas de place dans nos hôtels. Mais aujourd’hui, vous assister de façon impuissante aux départs de tous les grands miniers dans notre pays, alors que pour parler le PIB, il faut des grandes sociétés minières. Avec elles, l’emploi est garanti. Mais aujourd’hui, très malheureusement ces sociétés ont quitté la Guinée et les guinéens qui prenaient 20millions dans ces sociétés comme salaire sont venus aujourd’hui des chômeurs patentés.
Bcmedia.org : Merci bien monsieur Camara
Hassane Housseïne